vendredi 22 juin 2012

"Requiem" d'Anna Akhmatova. Pour qu'on n'oublie pas par où est passée la Russie...

L'épigraphe et une petite comptine suffisent:
«Dans les années terribles de la répression de Iéjov, j’ai passé dix-sept mois dans les files d’attente devant les prisons de Léningrad. Une fois, quelqu’un a fait mine de me reconnaître. Alors, la femme qui se tenait derrière moi, et qui n’avait évidemment jamais entendu mon nom, s’est arrachée à la torpeur qui nous caractérisait tous et m’a demandé à l’oreille (là-bas, on ne faisait que chuchoter):
— Vous pouvez décrire ceci?
J’ai dit:
— Je le peux.
Alors, quelque chose ressemblant à un sourire a glissé sur ce qui avait jadis été son visage.
Le 1er avril 1957, Léningrad.

(...)

Le don paisible s’écoule paisiblement
Une lune jaune entre dans le logement
Elle entre le bonnet de guingois
— Et c’est une ombre qu’elle aperçoit.

Cette femme a mal,
Cette femme est seule
Mari dans ta tombe, fils dans ta prison
Ayez une prière pour moi.

(1938)»

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