Affichage des articles dont le libellé est idées. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est idées. Afficher tous les articles

mercredi 29 août 2012

Se rafraîchir les neurones avec Maffesoli

"Je n'aime pas penser droit": Michel Maffesoli évoquant dans "L'Express" la postmodernité, l'énergie encore mal cernée du temps où nous vivons, l'effondrement des structures héritées et la création de nouveaux réseaux... et de l'autre côté la "normopathie" bureaucratique du gouvernement Mollande.
Un délice de paradoxes, de libres propos et de provocations intellectuelles au moment où la machinerie lourde de la bien-pensance française se mobilise pour écraser Richard Millet...

A lire: le pdf joint.

2012-08-14~1950@L_EXPRESS.pdf Download this file

vendredi 29 juin 2012

Pouvoir et technologie

Le pouvoir évolue exactement comme la technologie. De plus en plus complexe, plus compact, plus fermé sous des dehors de plus en plus lisses. Comme le dernier portable d’Apple, que l’utilisateur ne pourra plus ouvrir lui-même, pas même pour remplacer la batterie.
Sur ma voiture actuelle, je ne peux plus changer seul les ampoules des phares.
Sur ma première, 25 ans plus tôt, je pouvais changer une aile, des bougies, réparer le chauffage. C’était une R4, faite par des ingénieurs et des ouvriers pour des besoins concrets. Celles d’aujourd’hui sont faites par des gourous du marketing pour nourrir des fantasmes infantiles.
Les gens qui s’endettent pour des tout-terrain de ville — ô l’oxymore! — ne peuvent qu’avaler au jour le jour les manipulations politiques les plus grossières. La publicité massive a atrophié leur bon sens, et le pouvoir les farcit de fariboles, ainsi tétanisés, comme on gave des oies. Le système est homogène. Tout va ensemble et tout s'emboîte.

(En prenant ma douche.)

dimanche 17 juin 2012

Un malentendu sur la nature

Glané au fil d'une traduction:

«Ce tourisme, que l’on voit dans les Alpes, donne la fausse impression que l’humanité a commencé d’éprouver sincèrement la beauté de la nature. La vérité, cependant, c’est qu’on ne va dans la nature qu’en été, dans les jours d’oisiveté, lorsqu’il s’agit de reprendre des forces pour les jouissances débridées de la vie citadine. Nul ne sait ressentir comme il faudrait un champ profond parsemé de fleurs, un ciel inondé de lumière, des bois emmitouflés d’ombres. Nul ne voit à quel point ce sentier que nous parcourons chaque jour paraît différent à chaque fois, et qu’aucun matin ne ressemble à l’autre. Nul ne sait plus suivre la vie d’une plante depuis son germe jusqu’à son dernier rameau desséché, ni éduquer un animal de façon à connaître les charmes de son enfance, la fougue de sa jeunesse, la force de son accouplement. Ils donnent leur terre en location à d’autres pour ne pas la travailler eux-mêmes dans la joie qui jaillit de chaque ornière et qui tombe de chaque branche. Ils fuient les plus beaux événements de ce monde: le soleil, la pluie, le vent, les étoiles, la brume. Il y a des gens qui, de toute leur vie, n’ont vu que quelques couchers de soleil, et il en est encore moins qui ont vu l’aube et les orgies du point du jour. — N’admirent la nature que les enfants et les fous; eux seuls parlent avec les plantes le long du chemin et avec les pierres du champ. A l’opposé d’eux se tiennent encore les philosophes et les poètes, qui s’exaltent puérilement et s’émerveillent follement de tout ce que les autres dédaignent.»

Jovan Dučić, «Première lettre de Suisse», in Cités et Chimères. (1906)

Cités et Chimères, extraordinaire correspondance de voyage d'un des plus grands poètes serbes, est à paraître aux éditions Xenia.