Affaire Litvinenko: l'éléphant dans le magasin
Le New York Sun publie une enquête approfondie sur les circonstances de la mort de Litvinenko, par Edward Jay Epstein. Refusant — c’est surprenant — de prendre pour argent comptant la thèse britannique, l’auteur atteste que le “mur du silence” autour de cette affaire était bien moins épais du côté russe que du côté britannique. Soulignant, notamment, que l’absurde et impossible demande d’extradition de l’agent Lugovoï relevait moins de l’“incompétence” des magistrats anglais brocardée par Poutine que d’une habile diversion visant à 1. discréditer le témoignage capital de Lugovoï, désormais poursuivi pour meurtre; 2. rejeter, face à l’opinion, la responsabilité de l’étouffement de l’affaire sur les Russes.
La principale conclusion de l’auteur est que cette désinformation a “occulté l’éléphant qui hante cette affaire: le fait qu’une composante cruciale pour la fabrication d’une arme nucléaire rudimentaire a été introduit en fraude à Londres en 2006.”
(What it obscured is the elephant-in-the-room that haunts the case: the fact that a crucial component for building an early-stage nuke was smuggled into London in 2006.)
La tenue de l’enquête paraît exemplaire. Sa publication suscite pourtant une guerre de commentaires particulièrement agressive (à noter la contribution d’un physicien serbe, Draško Jovanović, sur le problème du Polonium 210). Après avoir défrayé la chronique, l’affaire Litvinenko avait été brutalement soustraite à l’attention du public. Cette mise à jour, mais avec une thèse opposée à la ligne officielle, soulève une hargne difficilement explicable. Sauf si l’on place toute l’affaire dans le contexte d’une guerre de civilisations tacite mais brutale.
On se demandera aussi pourquoi les autorités britanniques, à supposer qu’elles disposent d’informations cruciales qu’elles refusent de divulguer, seraient aussi gênées à l’idée de dévoiler l’existence d’un trafic de composants nucléaires en Europe occidentale.
Source:
http://www2.nysun.com/article/73212
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