dimanche 25 février 2007

Une incantation

La voix de Robert Plant, même lorsque je ne comprenais qu’à peine sa langue, me faisait voyager dans des mondes parallèles faits de mystère et de “luxe, calme et volupté”. Ce pouvoir d’enchantement lui est resté longtemps (In the Mood for a Melody, If I Were a Carpenter...). La magie de Page, en revanche, s’est envolée avec le Zeppelin...

Première découverte: à 13 ans, l’été 1980, l’année où le groupe disparaissait. Avais acheté, pour la jaquette mystérieuse et la rumeur entourant le Dirigeable, la cassette de Led Zeppelin III. Comment restituer le choc de Immigrant Song, ce hurlement suraigu sur fond de martèlement nibelungien qu’aucun groupe punk ou heavy metal n’a jamais pu égaler? A se cacher derrière les meubles... Et puis, passé cela, un collier de cristaux dorés, acoustiques, légendaires, chaleureux: That’s the Way, Gallows Pole, Tangerine, Bron Y Aur Stomp, entrecoupés de moments d’épouvante tel le coup de chapeau à Roy Harper. Des curés fadas se sont ingéniés à écouter le Zeppelin à l’envers pour y déceler la griffe du Malin. Cuistrerie! C’est à l’endroit qu’il déployait toutes ses pompes, effrontément, au travers de climats sonores aussi captivants que des plantes gobe-mouches.

Plus tard, dans les années les plus solitaires de l’adolescence, j’arpentais les forêts de Choëx avec notre petit Shetland, et reconstituais parmi les souches moussues un monde de mythologie nordique dont les contours, ni visuels, ni sonores, mais... comment dire... intérieurs? — étaient façonnés par la voix de Plant.

Saisir ce charme tyrannique. Le décrire! Repérer d’où partent ces déviations de l’espace-temps que ce chant et ces airs rendaient perceptibles.

* * *

Bien des années plus tard, retrouvé ce même climat dans Thomas Hardy. L’une des Wessex Tales, grinçante histoire de condamné à mort perdu de justesse, préfigure exactement la complainte de la Potence (Gallows Pole).

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1 commentaire:

major tom a dit…

Je découvre votre blog via la zone du Stalker...

Si vous aimez Led Zeppelin, vous avez du surement vous rendre à Bercy lors de la tournée de No Quarters. En quelle année c'état déjà? 1995? 96? Je ne sais plus très bien.

Mais vous avez raison...J'ai revu Robert Plant par deux fois assez récemment. Il est toujours aussi envoutant et charnel, ce qui n'est plus le cas, malheureusement de Jimmy Page. Quel dommage!

Cordialement

Le Major Tom