dimanche 27 janvier 2013

Parlons plutôt du prince de Galles

J'aurais voulu, pour une fois, vous parler des élections. A la vue des premières affiches dans les rues de Sion, j'avais éprouvé cette humeur goguenarde qui promet des chroniques bien pétillantes. Par malheur — ou par chance —, j'ai fait lire mon brouillon à quelques amis du monde politique. Leur réaction m'a laissé sans mots. La causticité dont on me félicitait en temps de paix est devenue en ces temps de tranchées une offense voisine de la haute trahison. Sachez-le donc, amis valaisans: l'humour est suspendu jusqu'au 17 mars 2013 et les satiristes feront mieux de s'en prendre aux talibans ou à la famille d'Angleterre. 
Ce que je vais faire ici même.
Harry
"Captain Wales", vient de rentrer d'Afghanistan où il a servi comme canonnier d'hélicoptère. Lorsque le même prince Harry s'était promené en uniforme nazi, je m'étais dit, comme beaucoup de monde: "petit con!". Lorsqu'il s'est exhibé à poil à Las Vegas, je m'étais dit, par un reliquat de respect pour la royauté: "sale petit con!" Lorsqu'il a clamé avoir tué des "talibans" à l'autre bout du monde en se servant de son habileté aux jeux vidéo, j'ai pensé: "criminel!". Mais là, apparemment, j'ai été bien seul. Avec les conneries de la maison Windsor, les médias font leurs choux gras. Avec ses crimes, ils ne font rien. Ou plutôt si: ils les passent sous silence. Des camps de concentration (les premiers!) dans la guerre des Boers aux tapis de bombes sur les populations civiles, des massacres d'Indiens (d'Amérique ou d'Inde) à une décolonisation perverse, la politique britannique baigne dans l'hypocrisie et le sang. Mais grâce à la popularité de leurs altesses royales, nous ne retenons que les intrigues de cour et le lait d'ânesse...
Lorsque Tolstoï — celui d'Anna Karénine — fit la guerre aux Tchétchènes, il rendit un noble hommage à l'adversaire au travers du magnifique roman Hadji-Mourat. Lorsque l'exhibitionniste Windsor part dégommer des "terroristes" dans un pays vieux comme l'écriture, il rend hommage à sa Playstation! Et tout le monde trouve ça normal. Alors qu'on assiste là, in vitro, à la fabrication du terrorisme! Nous ne sommes plus au temps de Kipling, où trois mois de mer et de violentes fièvres nous séparaient des "sauvages". Aujourd'hui, nos victimes "collatérales" ont des téléphones portables et des cousins en Europe. Tout ce que cette Europe sans valeurs leur enseigne, c'est la haine d'une société cynique et qui se vante de l'être. Comment ne pas enfiler sa ceinture d'explosifs?
Il serait bon de demander à la maison d'Angleterre ainsi qu'aux pouvoirs concernés comment ils entendent concilier le conflit de civilisations qu'ils attisent chez les autres avec la cohabitation des religions qu'ils imposent chez nous. Voilà un sujet doublement tabou, d'un côté comme de l'autre. On ne doit s'attaquer ni au bien-fondé de l'ingérence "humanitaire" ni à l'immigration de masse. Mais c'est toujours moins dangereux que de parler des élections en Valais... 

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