samedi 12 mars 2011

Philtres & Potions

En attendant 2012, les géants pharmaceutiques ignorent la crise. Pourtant, l’ère des grandes inventions est passée, et les médecines naturelles font de plus en plus d’adeptes. Où vont-ils chercher leurs rentes désormais? Dans le marketing et le réseautage.

Or quoi de plus rentable, en la matière, que les vaccins? Plutôt que de vendre au détail, mieux vaut se choisir un client de gros toujours solvable: l’Etat. Qui, ensuite, redistribuera par force de loi ou de persuasion — fort de la confiance innée des citoyens —, le produit miracle à des populations entières. 


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Ainsi fit-on du Gardasil, le célèbre «vaccin contre le cancer du col de l’utérus». Bien qu’il s’agisse du vaccin le plus coûteux jamais commercialisé, son efficacité a été mise en doute par des études sérieuses. Au point que la France a interdit, comme mensongère, la publicité pour ce produit.

En Suisse, cette mesure sévère n’a alarmé personne. Au contraire: le conseiller fédéral Burckhalter a récemment étendu la couverture de ce vaccin de 20 à 26 ans… 

Mais il y a mieux. En janvier, la Confédération helvétique déclarait avoir détruit pour 41 millions de francs de vaccins anti-H1N1 inutilisés, non sans avoir offert quelques doses au tiers-monde. H1N1 était le nom que portait notre trouille à l’automne 2009. H1N1 nous terrorisait plus encore qu’Al-Qaida. Et puis… nous fûmes quittes pour quelques jours de congé-maladie, comme les autres années. Voire moins.

Montrant plus de jugeotte que l’OMS et ses relais officiels, public et professionnels ont boycotté les campagnes de vaccination. Le fiasco fut cuisant.  Nos autorités ont décidé qu’il ne se répéterait plus. 

Voici donc que la Confédération veut obliger «certaines catégories professionnelles» à se faire vacciner (Le Matin, 30 janvier 2011). Si nous avions eu cette loi en 2009, il y aurait eu bien moins de chimie à recycler…

Mais comment convaincre les récalcitrants? Si «les vaccinations de force sont exclues», l’OFSP précise tout de même que le refus d’ordre «pourrait même conduire à un licenciement».

Est-on dans Molière pour la tartufferie, ou dans Orwell pour la méthode totalitaire? Non: nous sommes dans un pays libre où les campagnes des marchands de philtres sont librement financées par nos libres cotisations. Qui augmentent sans cesse. On se demande pourquoi…


Le Nouvelliste, 16/2/2011

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