dimanche 31 janvier 2010

A Sophie

I
Tu es belle comme il n’en est guère
Entre les nymphes de terre ou d’eaux.
C’est ta parure la plus altière,
Ce corps si tendre qui tantôt
Plonge, scintille et se balance
Comme la vie y mène sa danse.

II
Tes profonds yeux, planètes jumelles
Plongent le sage dans la stupeur
Par leur feu clair et doux comme miel
Qu’attisent des souffles de bonheur
Qui, telle une volée de zéphyrs,
Ont de ton âme fait leur empire.

III
Si chaque visage que reflètent
Ces yeux doit en pâlir de joie,
Si l’âme vacillante est défaite
Rien qu’au seul son de ta voix,
Ne t’étonne pas si ton murmure
Fait de mon coeur un fruit trop mûr.

IV
Comme la rosée au premier air,
Comme une mer trop agitée,
Comme l’oiseau qu’effraie l’éclair,
Comme tout ce qui, remué, se tait,
Comme lorsqu’une vision nous vient,
Tel est mon coeur auprès du tien.


(Adapté de Shelley, «To Sophia (Miss Stacey)», dans la solitude de Vrdnik, été 2009.)


Original:
PB_Shelley_Shelley_Lynmouth_Exmoor_Devon.0u8mGiMWjImz.jpg

Percy Bysshe Shelley
To Sophia (Miss Stacey)


I
Thou art fair, and few are fairer
Of the nymphs of earth or ocean;
They are robes that fit the wearer
Those soft limbs of thine, whose motion
Ever falls and sifts and glances
As the life within them dances.

II
Thy deep eyes, a double planet,
Gaze the wisest into madness
With soft clear fire, the winds that fan it
Are those thoughts of tender gladness
Which, like zephyrs on the billow,
Make thy gentle soul their pillow.

III
If whatever face thou paintest
In those eyes, grows pale with pleasure,
If the fainting soul is faintest
When it hears thy harps wild measure,
Wonder not that when thou speakest
Of the weak my heart is weakest.

lV
As dew beneath the wind of morning,
As the sea which whirlwinds waken,
As the birds at thunders warning,
As aught mute yet deeply shaken,
As one who feels an unseen spirit
Is my heart when thine is near it.

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