Un chœur russe égaré en Valais
Un chœur de St-Pétersbourg égaré à St-Pierre, via une discrète filière paroissiale. Ma mère nous y a convoqués, Xenia et moi, au dernier moment, voyant le peu de public. A peine plus de spectateurs que de choristes dans la vieille église. Et pourtant, des moments divins! Liturgies de Rachmaninov, de Leonind Andreiev, etc. Les larmes montent, comme si je pelais des oignons. Je ferme les yeux. Quelqu'un me dit qu'on aurait besoin d'un interprète pour l'après-concert. Or je n'ai pas envie de parler avec ces gens, ni de les rencontrer. La musique russe est au-delà des hommes et des femmes qui l'interprètent. C'est un chant surgi du fond des siècles. Liturgique même lorsqu'il parle de beuveries. Je leur parlerai pourtant: à la sortie, ils tendent un panier et vendent leurs CD. J'emprunte 100 francs à ma mère pour acheter quelque chose et leur donner le reste. Le ténor, qui est à la caisse, me regarde: vous êtes russe? Non. Slave en tout cas, me dit-il. Je vous avais repéré. Les Slaves vivent la musique autrement. Pas le temps de lui expliquer qui je suis ni comment je me situe. Personne n'a fait la moindre publicité pour cet excellent chœur. Devant l'église, un minibus rouge les attend pour une prochaine destination, une autre paroisse désaffectée de Burgondie. (Note de journal, 11 mars 2014)
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