jeudi 28 juin 2012

Consécration!

«Il n’y a pas de succès sans copie», disait Coco Chanel. A l’en croire, je suis arrivé au seuil de la gloire. Voici comment.
Le 17 janvier dernier, un éminent représentant de la Société de promotion des restoroutes valaisans venait me trouver à Sion à propos de mon livre Valais mystique, recueil des randonnées méditatives que j’avais proposées voici trois ans aux lecteurs du «Nouvelliste».
La SPRV entendait aménager une aire d’info-récréation spirituelle pour les voyageurs à l’extérieur du Relais du Saint-Bernard. Les 24 destinations de mon ouvrage, décrites, illustrées et pourvues d’infographies, offraient une solution aisée pour un parc récapitulant des lieux de spiritualité valaisans. On évoqua quelques détails techniques, on se serra la main, et je postai encore un exemplaire gratuit de Valais mystique à mon interlocuteur. 
Et puis? Silence radio. Jusqu’au 22 juin dernier, où je lus à ma grande surprise dans ce même journal qu’on inaugurait, pour les vingt ans du Relais, un «chemin de méditation» visant à «faire découvrir les richesses mystiques du canton». Là-dessus, un appel : «On annonce sur Rhône FM la découverte du Valais mystique à Martigny. C’est au sujet de ton livre?» Ne sachant que répondre, je me suis rendu sur place.
J'y ai vu des panneaux tels que je les avais suggérés. J'y ai vu les photos (non les miennes) de quelques-uns des sites que j’avais présentés, ainsi que d'autres lieux. Au lieu de légendes descriptives, des citations d'auteurs attendus (Ramuz-Rilke-Zermatten-Chappaz-Corinna), citations parfois si connues qu’on les retrouve jusque dans mon livre. J’y ai vu, comme dans mon livre, un plan du Valais situant en gros les lieux évoqués. Jusque-là, au contenu près, c’était le dispositif prévu en janvier.
Je n'y ai pas vu, en revanche, de cartes aidant à retrouver ces perles parfois cachées. Ni les textes circonstanciés que l’éminent représentant se proposait d’extraire de mon ouvrage. Aucun des hauts lieux païens que j’avais visités n’était retenu. Le choix des illustrations, strictement ecclésiastique, rappelait les Chapelles valaisannes de Maurice Zermatten (1941), ouvrage magnifique mais un peu daté. 
Je n’y ai vu — ô surprise! —  aucune mention du livre ayant inspiré cette mise en scène, Valais mystique, qui par surcroît n’était plus visible dans la vitrine du kiosque. Bien qu’il soit au cœur du sujet…
Indesign

Mais, surtout, je n’y ai trouvé aucune incitation concrète à la visite de ces lieux, à moins d’être un pèlerin averti et motivé. C’était le Valais des chasubles et des processions se figeant une fois de plus en carte postale et s’interdisant toute mise en cause de ses stéréotypes. 
«Il est joli, leur musée», diront les voyageurs du XXIe siècle, éperdument agnostiques mais éperdument en quête d’intériorité. 
"Le Relais du Saint-Bernard préfère cultiver la qualité plutôt que le cliché», lit-on néanmoins dans l’article cité. Et c’est vrai. Le dynamisme et l’inventivité de la gestion du relais n’ont sans doute rien à voir avec les exercices spirituels de la société œuvrant à sa promotion.

Le Nouvelliste, 28 juin 2012.

NB
Le site original et visitable du Valais mystique:

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