Un été trépidant
Vous en souvenez-vous ? L’ultime belle saison de l’avant-2012 avait commencé par un tsunami et une catastrophe nucléaire. Puis nous fûmes scotchés par une cascade de faillites d’États, avec des gouffres monétaires où les zéros s’agglutinaient comme les perles sur le collier d’Audrey Hepburn dans le Petit-déjeuner chez Tiffany’s. Puis, mi-mai, nous entonnâmes « Gare au gori-i-i-ille ! » d’une voix vibrante d’indignation lorsqu’un satrape français se fit pincer à New York à cause d’une soubrette guinéenne. Mais nous ne manquions pas de suivre le « printemps arabe » où des foules opprimées, organisées par le réseau Facebook et relayées par Twitter, avaient déboulonné des dictateurs honnis qui les maintenaient dans une arriération médiévale. C’est alors que, grisé par cette ola libertaire, Tartarin se prit pour Montgomery et M. Sarkozy lança l’OTAN contre le mégalomane de Tripoli. Nous suivîmes donc, le souffle coupé, l’avancée des rebelles libyens surgis du sable tels des fleurs du désert. Mais las ! Nos champions finissant par s’enliser et M. Sarkozy arrivant à bout de missiles, nous switchâmes aussitôt sur Damas, où les derniers vestiges autocratiques du parti Baas s’employaient à broyer sous leurs chenilles une démocratie naissante.
Nous n’eûmes même pas le loisir de profiter des vacances pour replier les antennes : en juillet, nous vomîmes d’horreur à la nouvelle du massacre d’Oslo, commis par un désaxé à la fois islamophobe, poutinophile, néoconservateur et franc-maçon, qui n’avait rien trouvé de mieux que d’exterminer de jeunes « traîtres » à la cause blanche et chrétienne. Au milieu de la déferlante, la nouvelle de la faillite prochaine des États-Unis nous laissa presque placides. Et voici que l’Espagne bivouaquait, que Londres brûlait…
Trop, c’est trop !
En Suisse, au moins, nous avons un drame simple et constant : plus le monde s’effondre autour de nous, et plus le franc monte. Merci Archimède ! Mais que faire d’une monnaie aussi lourde ? Que deviendront nos exportations ? Comment placer nos euros ? Que font nos autorités ? Voilà les interrogations qui font débat. Sur le reste, les causes et les conséquences des cataclysmes évoqués, l’anesthésie est totale. On répète l’AFP, qui répète CNN, qui répète… qui ? Les sceptiques, on les bâillonne, comme cela arriva l’autre jour à un Syrien de Genève. La manipulation des masses, la géopolitique, les coulisses du FMI, la nouvelle lutte des classes, on les abandonne à l’internet. Où des chercheurs de valeur, désormais, passent outre l’étiquette de « conspirationnistes » pour essayer de déceler de la cohérence dans ce que les médias officiels nous vendent comme de la fatalité ou du pur hasard. Ailleurs, on est prié de rester confiant et bête.
L’intelligence du monde est, elle aussi, descendue dans la rue. Nos chantres de la révolution-chez-les-autres l’ont un peu perdu de vue. Faut-il s’étonner si leur discours n’intéresse plus personne ?
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