samedi 1 novembre 2008

"C'te planète de merde"

(note du 13 septembre)
En partance pour la Serbie.
Dans le train pour Zurich, à 8h du matin, passe un énergumène avec une valise à roulettes. Barbu, dodu, ressemble vaguement au chanteur Carlos.
Il s'installe derrière moi, ouvre son yogourt et la litanie commence. Dans un accent vaudois si épais qu'on le comprend à peine:
«Ah, un petit déjeuner à 28 francs. C'est pas tous les jours...
Mais dis donc, ce lait, il est pas bon. ll est pas frais, il sent le rendu!
Ils ont tout pourri. Plus rien n'est bon!
Empoisonné. Le lait, empoisonné. Les bêtes, empoisonnées.
Tout est foutu!
Est-ce qu'ils ont de quoi remplacer?
Les juments, les vaches, tout: est-ce qu'ils ont les modèles pour remplacer tout ce qui a merdé?
Bousiller tout ce qu'y a, remettre les originaux.
Y savent rien faire, ces crevures. Même pas des chiottes. Feraient mieux de savoir faire des chiottes plutôt que des ordinateurs.
D'arrêter de gaspiller les pierres!
Voyous à chiffres!
Fils d'ordures!
Taborniaux!
Crevures!
Primates!
Chenit de sales bêtes!
C'est des vauriens!
Vivre des milliards d'années pour avoir ça, faut vraiment être de sacrés trouducus!
Bonne à y foutre le feu, la planète!
Faut tout cuire, tout: la terre, l'air, l'eau, tout! Et bien cuire!
Y zont beau essayer, essayer, essayer ces trouducus!
Y font des heures sup pour ça? Auraient mieux fait de rester au lit, cette sale race de cons.»

Il est sorti à Bienne.

J'ai écouté un prophète.

(note du 13 septembre)

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